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"la beauté la plus saine et la plus naturelle vient de la simplicité"
Hamada le potier

 

"La simplicité que je recherche est tout à côté de la complication et cette frontière est si mince, si fragile."
Keato

 

"J'aime la terre glaise. Elle est façonnable, caressable, sans attente. je la traite comme une soeur jumelle. la vie aussi a fait de moi ce qu'elle a voulu puis m'a passé au four très chaud.
Sortie du four, les pièces de glaise atteignent une solidité nouvelle. Elles ne sont plus modelables à l'envie, elles inscrivent leur forme dans la durée."
Douna Loup - Les lignes de ta paume

 

"L’eau inonde et noie, le feu brûle et consume.

Ces deux éléments sont pourtant les « compagnons » du potier de toujours.

C’est que l’eau rend aussi pâteuse la poussière d’argile, ouvrant ainsi une voie privilégiée à la créativité; et le feu achève la besogne en la transfigurant.

Telle est la nécessaire épreuve à laquelle le potier soumet son argile, redécouvrant ainsi chaque jour, à sa racine, l’ambivalence de l’eau et du feu.

Mais qui, au juste, est le plus touché par ce double pouvoir ?

La poussière d’argile ou le potier qui confie aux éléments l’ouvrage de ses mains ? Et plus encore, cet itinéraire, secrètement imagé par ce métier qui à l’âge de l’humanité, n’intéresserait-il pas l’homme tout court, potier ou non, lui proposant d’atteindre, à travers une prodigieuses noyade et une non moins prodigieuse brûlure, les rives mêmes de la vie ?"

Daniel de Montmollin, potier et frère de Taizé - Par l'eau et le feu

 

 

" Après plusieurs décennies de métier, la ferveur des premiers jours n’ayant pas été perdue ni déserté le domaine particulier de sa recherche, un artisan de l’argile peut s’interroger sur la raison d’une telle continuité. Dans le détail, sa réponse ne sera pas forcément la même que celle de ses semblables. Mais peut-être y aura-t-il ressemblance dans le fond, de même que pour tous le métier revient toujours à une mise en forme de l’argile par la vertu de l’eau et sa transformation par celle du feu. Cette raison n’est pas la poursuite d’un rêve, bien que l’artisan sache que le meilleur, toujours en avant de lui, est toujours à découvrir.
Ce n’est pas la démonstration d’un pouvoir qu’il aurait sur la terre, sachant combien elle aussi, fidèle partenaire, l’a formé, aidé à se connaître.
Ce n’est pas une ambition d’intégrale originalité puisque, depuis toujours, le champ de réalisation du métier est la brique, le pot et la statue modelée et qu’il n’est guère de types de formes et de matières céramiques qui n’aient pas déjà été explorés.
Ce n’est pas non plus le goût de contester une civilisation qui a comme oublié que les mains de l’homme sont si proches de son cœur, quand bien même tant de gens de tous âges frappent à sa porte et qu’il fait ce qu’il peut, quand il le peut, pour combler la lacune. Qu’est-ce alors, au-delà de ces raisons qui toutes, à tel moment, peuvent tenter de se faire importantes ?
Si l’on veut inviter les mots à se rapprocher de l’inexprimable, ce serait que le métier de l’artisan de la terre est support, pour lui irremplaçable, de la Vie, en vue de l’expression particulière que celle-ci veut atteindre quotidiennement en lui ; un support alimentant sa possibilité d’être, prenant et indiquant à chaque instant sa mesure provisoire, coordonnant ses facultés les plus diverses pour les relier peu à peu dans l’unique source dont elles découlent.
Comment considérer alors l’avoir du potier, c’est-à-dire l’objet fini, surtout lorsque celui-ci s’offre d’abord, en un premier moment, à la seule vue du spectateur ? L’art n’est pas le but mais une des conséquences de la Vie. Aussi une œuvre d’art est-elle un signe, un témoignage. Très exactement le témoignage d’une libération : un mur, un pot, un modelage n’était pas qui maintenant existe parce que quelqu’un a existé en communion avec le monde créé, a laissé transparaître quelque chose de ce qui constitue sa propre source. Alors, si transparence il y a, l’amorce d’une aventure similaire chez le spectateur n’est pas exclue, pour autant que celui-ci fasse sien le secret du Renard du Petit Prince : « On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. »"

Daniel de Montmollin, potier et frère de Taizé - La face cachée de la terre

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